A la veille de sa dernière finale européenne, Camille Abily revient sur ses finales passées. Toutes disputées avec l’Olympique Lyonnais, pour un bilan provisoire de quatre victoires et une défaite.
Le 29 avril dernier, à l’issue de la qualification de l’OL pour la finale de Champions League, Camille Abily annonçait qu’elle prendrait sa retraite à la fin de la saison. Un nouveau titre de championne de France en poche, son treizième en tout et onzième consécutif avec Lyon, la Française n’a plus que trois matches à disputer. Dont deux finales.
Le point final, ce sera le 31 mai prochain à Strasbourg, avec la finale de la Coupe de France face au Paris Saint-Germain. Vendredi dernier, c’est après la rencontre de championnat entre les deux équipes, soldée par un match nul (0-0), que Camille Abily s’est exprimée: « L’année dernière on gagne 3-0 Paris en championnat où il n'y a pas d’enjeu [pour Lyon, déjà champion], et après on fait deux matches nuls. Donc on préfère faire match nul ce soir. Ça permet aussi de rester bien les pieds sur terre, même si on n’est pas du style à s’enflammer. »
Ne pas s’enflammer. Facile à dire, mais peut-être plus difficile à faire. Quand on sait ce que signifie cette finale qui se profile face à Wolfsburg. Bien plus que le titre, c’est l’occasion pour le club rhodanien de marquer l’histoire « en étant la seule équipe à avoir cinq victoires finales en Ligue des Champions, et trois d’affilée. » Une situation que la Bretonne « vit bien », de même que toute l’équipe. « C’est une pression positive. Ça nous donne encore plus de motivation », explique Abily.
Une première finale, inoubliable
Si la joueuse de 33 ans compte bien « profiter de chaque instant, parce que ce sera ma dernière », elle se souvient encore parfaitement de ses finales passées. Pas présente en 2010, lors de la première finale de l’OL, perdue aux tirs au but face au Turbine Potsdam, Camille Abily sera bien là l’année suivante pour la revanche. « Ma première finale c’était juste grandiose. C’était vraiment un aboutissement. Le fait que l’année passée, les Lyonnaises avaient perdu aux tirs au but. Ça restera je pense la plus belle finale qu’on ait pu jouer. Parce que battre les Allemandes ce n’était pas évident », relate-t-elle.
Une deuxième finale avec un but à la clé
Une victoire 2-0, et l’année qui suit les Lyonnaises remettent ça, sur le même score, face à une autre équipe allemande : Francfort. « Ce que je retiens surtout c’est l’engouement qu’il y avait. On était en Allemagne face à une équipe allemande. Il y avait 50 000 spectateurs (50 212 ndlr). C’était dans le stade Olympique de Munich qui a marqué les Français avec le match de Marseille. »
En effet, c’est dans ce même stade munichois qu’en 1993 l’OM est allé gagner sa Champions League, la seule jamais gagnée par un club de football masculin. 19 ans plus tard, les filles de l’OL s’y imposent à leur tour et réalisent quelque chose d’énorme « en gagnant deux années de suite la Ligue des Champions contre des Allemandes. » Une deuxième finale et deuxième victoire pour Camille Abily qui a aussi eu « le bonheur de marquer. » Et quel but ! Une frappe de 30 mètres qui vient lober la gardienne sortie. Son seul et unique but en finale à l’heure actuelle, parmi les 42 qu’elle a marqué dans la compétition et qui font d’elle la meilleure buteuse lyonnaise en coupe d’Europe.
Une troisième finale, synonyme de première défaite
Une troisième finale consécutive pour Camille Abily, face à un nouveau club allemande : Wolfsburg. Mais cette fois le sourrire et le bonheur d'avoir soulevé le trophée à deux reprises va faire place à un sentiment nouveau. La déception qui découle de la défaite (1-0). C’est de ce sentiment que se souvient aujourd’hui encore la milieu de terrain : « C’est une finale où j’ai un peu de regrets puisqu’on avait vraiment cette possibilité de gagner. Mais on prend ce penalty sur une main, je me rappelle, vraiment involontaire. Laura [Georges] le ballon lui tombe un peu sur la main. On aurait aimé faire le triplé donc j’espère que l’histoire ne va pas se répéter et qu’on va réussir à faire un triplé cette année. »
Cinq ans après, c’est une nouvelle fois Wolfsburg qui se retrouve en position de mettre fin au règne lyonnais, et de les empêcher de signer une troisième victoire consécutive dans la compétition reine. Même si, entre temps, Lyon avait pu prendre sa revanche.
Une quatrième finale, très stressante
Après deux ans d’absences en finale (2014 et 2015), le club du Rhône se retrouve de nouveau face à Wolfsburg en 2016. La première finale que Lyon et Camille Abily vont gagner aux tirs au but, et la joueuse en retient « beaucoup de stress ». « C’est vrai que les tirs au but, mine de rien, c’est stressant. On se fait égaliser en fin de match. Donc c'est toujours difficile à gérer émotionnellement. Elles reprennent l’ascendant psychologique. Donc c’est là où on a été très costaud, car on a réussi à gagner aux tirs au but. Malgré le coup de massue qu’on avait pris [avec le but de Wolfsburg]. »
Une séance de tirs au but qui commence mal, puisque la Norvégienne Ada Hegerberg, auteure du but lyonnais dans le temps réglementaire, manque son premier tir. Ironie du sort ou comble du hasard, après le tir manqué de Nilla Fischer, c’est l’ex-lyonnaise Elise Bussaglia qui manque son tir et permet à Saki Kumagai de donner la victoire à son équipe.
Une cinquième finale, 100% française
L’an dernier, Lyon s’impose encore, mais pour la première fois, ce ne sera pas un club allemand qui en fera les frais. Une finale 100% française entre l’OL et le PSG, inédite dans l'histoire de la compétition, avec pour la première fois depuis 2007, une finale sans club allemand à l'affiche. A l'époque Arsenal avait remporté le titre face au club suédois d'Umea.
Une « finale particulière » donc pour la Bretonne, qui ajoute que « les matches contre le PSG, ce n’est jamais facile. Il y a beaucoup d’engagement et peu de buts en général. Paris défend très très bien et à chaque fois on a du mal à marquer. Mais on a été solides mentalement. On les avait battues juste avant en Coupe de France aux tirs au but. Et on arrive à le refaire en Ligue des Champions. Ça montre la force mentale des Lyonnaises. »
Une force mentale qui sera une nouvelle fois nécessaire à l’heure d’aller affronter Wolfsburg, pour une belle.
Direction Kiev pour sa sixième et dernière finale
Désormais en route pour Kiev, en Ukraine, où Camille espère voir « du monde », « parce que c’est important l’engouement qu’il peut y avoir autour ». La milieu de terrain rappelle que cette finale, il faut « croquer dedans à pleines dents. » Si ces dernières années on s’est habitués à voir des clubs français, et principalement Lyon, en finale de Champion League, elle rappelle avec expérience que « c’est très difficile d’aller en finale, et même quand on a 20 ans on n’est pas sûr d’en rejouer une après. »
Et, si cette finale devait se terminer sur des tirs au but, comme lors des deux précédentes éditions, la native de Rennes ne s’alarme pas « puisqu’on est en pleine confiance ». Elle ajoute « mais c’est vrai qu’émotionnellement c’est dur. Donc on préfère éviter d’y aller (rires). Après voilà, on a beaucoup de joueuses qui sont capables de tirer. » En effet, Lyon a pu compter sur nombre de joueuses capables de tirer lors de la fatidique séance de tirs au but. L'an dernier face au PSG, c’est la gardienne lyonnaise, Sarah Bouhaddi, huitième à s'élancer face au but, qui avait donné la victoire.
Alors, jeudi soir les filles de Lyon marqueront-elles l’histoire ? Wolfsburg privera-t-il, encore, l’OL d’une troisième Ligue des Champions d’affilée ? En attendant cette finale au sommet entre « les deux meilleures équipes européennes, à l’heure actuelle. » Camille Abily qui a « déjà la chance d’en avoir gagné quatre » ne compte bien vivre que du bonheur en plus, pour sa dernière sortie européenne. Une dernière finale en coupe d’Europe, c’est également ce que s’apprêtent à vivre Élodie Thomis et Corinne Petit, deux autres joueuses emblématiques de Lyon présentes dès la première finale, perdue en 2010, et qui prendront également leur retraite footballistique à l’issue de cette saison.
Ligue des Championnes – Finale Wolfsburg/OL (l'avant-match)
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Morgane Huguen